Retour des tapisseries de la vie de saint Remi
Par la commande de dix tentures de grand format (5m X 5m) consacrées à la vie de saint Remi, Robert de Lenoncourt, archevêque de Reims et abbé de Saint-Remi au début du 16e siècle, marque son attachement à saint Remi. Dessinées par Gauthier de Campes, elles ont probablement été tissées dans le nord du royaume de France ou dans les anciens Pays-Bas espagnols (Flandres actuelles) et montrent une qualité de réalisation tout à fait exceptionnelle.
En mauvais état au cours du 19e siècle, elles sont restaurées par la manufacture des Gobelins au début du 20e siècle. Elles sont installées dans le musée Saint-Remi en 1983, après une importante restauration par la maison Aubry. Exposées au public pendant plus de 35 ans, sans prise en compte des bonnes conditions de conservation, elles doivent à nouveau subir une importante campagne de restauration à partir de 2022. En effet, une étude a montré en 2018 que les tapisseries souffraient d’atténuation des couleurs d’origine, due à l’exposition prolongée à une lumière non contrôlée et d’un état d’encrassement avancé. Chacune a dès lors nécessité une restauration approfondie incluant notamment un nettoyage, la mise en place d’une nouvelle doublure plus fine et plus légère et le remplacement du système d’accrochage afin de ne plus engendrer de nouvelles tensions sur les tapisseries restaurées. Les opérations de conservation-restauration ont été soumises à un comité scientifique réunissant des représentants des institutions muséales et patrimoniales nationales. C’est à la manufacture royale De Wit, à Malines (Belgique), experte dans la restauration des tapisseries historiques, qu’a été confiée cette importante restauration.
En parallèle, s’est ajoutée la refonte de l’espace de présentation des tapisseries, afin d’assurer les conditions de conservation nécessaires à leur préservation durable. L’opération principale a consisté en la création d’une impressionnante cloison sur toute la hauteur de la salle, permettant de créer un espace étanche à la lumière. Un nouvel éclairage scénographique adapté vient également mettre en valeur les scènes historiques des tentures.
Cette restauration a été accompagnée financièrement par la DRAC Grand Est ainsi que par une importante opération de financement participatif et de mécénat, soutenue par la Fondation du Patrimoine et des entreprises mécènes partenaires de la Ville de Reims.
Parallèlement, afin d’accompagner l’absence des tentures en attente de restauration entre 2023 et 2025, une commande artistique a été passée à une artiste rémoise, Laura Ozymko, afin d’interpréter les tapisseries manquantes, permettant ainsi au public de comprendre la globalité du cycle de la vie de saint Remi.
La direction des musées travaille également à la mise en place d’une médiation numérique pour le prochain accrochage en mars 2024. En attendant, des visites guidées seront organisées fréquemment dans la salle afin de faire comprendre l’importance de ce cycle dans l’histoire de l’art français.